Réunion publique
Un milliard d’euros ! C’est ce que le département du Val-d’Oise est prêt à consacrer pour le projet de prolongement du BIP, le boulevard intercommunal du Parisis,destiné à relier l’A15 à l’A1.
Le 5 septembre 2024, le collectif Vivre sans le BIP” a organisé une réunion publique en présence de madame la députée Gabrielle Cathala et d’élus locaux, pour dénoncer un projet jugé obsolète. Le BIP, censé apporter une solution aux difficultés de mobilité dans le Val-d’Oise, ne fait pas l’unanimité, loin s’en faut, parmi les habitants des sept villes concernées. Le groupe “En Avant Soisy”, présent lors de cette réunion, expose les tenants et aboutissants d’un projet vieux de 85 ans.
À l’origine, un projet présenté comme novateur pour la mobilité et l’interconnexion des communes
Le projet du BIP remonte à 85 ans. En 1939, il apparaît sous le nom de “Grande Rocade Parisienne”. Initialement, il visait à rapprocher plusieurs villes de Paris. Aujourd’hui, il s’agit de connecter l’autoroute A1 à l’autoroute A15 sous l’appellation “Boulevard Intercommunal du Parisis”. La route à deux fois deux voies, reliant Soisy-sous-Montmorency à Groslay, est présentée comme la solution aux problèmes de circulation, notamment sur l’avenue Kellermann à Soisy.
Pourquoi ce projet ne voit-il toujours pas le jour ?
Plusieurs facteurs expliquent pourquoi ce projet est sans cesse reporté. Autrefois, les conditions géographiques et urbaines rendaient sa construction faisable et d’intérêt public. Cependant, cette décision a été annulée par le tribunal administratif de Cergy-Pontoise en 2018, puis par la cour d’appel de Versailles en 2019 et 2022. Cette annulation a été chaleureusement accueillie par de nombreuses associations et citoyens, tous unis contre le projet du BIP.
Malgré cela, le Conseil d’État a validé la Déclaration d’Utilité Publique (DUP) le 29 mai 2024, ravivant une forte mobilisation d’élus comme le maire de Montmorency, opposé au projet, ainsi que de divers collectifs citoyens, dont le groupe “Vivre sans le BIP”.
Les raisons d’une forte mobilisation citoyenne
La construction d’une telle infrastructure pourrait poser de nombreux problèmes, notamment d’un point de vue environnemental. La fréquentation de cet axe routier serait estimée à 60 000 véhicules par jour, entraînant une hausse significative de la pollution de l’air. De plus, le tracé de cette route à deux fois deux voies menacerait plus d’un million d’espèces vivantes qui cohabitent avec nous sur plus de 100 hectares dédiés à cet édifice. Sans parler de la déforestation et de la destruction de ces espaces de verdure, à un moment crucial pour notre planète et notre climat.
Enfin, une centaine d’établissements scolaires se retrouveraient à proximité immédiate de cet axe routier, posant de sérieuses questions quant à la qualité de vie et à la sécurité des enfants.
La réponse du groupe En avant Soisy.
L’écoute des arguments présentés par les opposants à la construction du BIP lors de cette réunion nous interpelle sur la position du maire de Soisy-sous-Montmorency, favorable au projet. Les différentes problématiques liées au trafic routier que nous rencontrons à Soisy, notamment à l’avenue Kellermann et au giratoire avec l’avenue de Paris ne nous paraissent pas susceptibles d’être résolues par la construction d’une telle infrastructure.
Le BIP verrait son trafic journalier croître sans réduire sensiblement le trafic de transit, voire même l’augmenterait du fait de l’attractivité de la gare ferroviaire.
Nous ne le répéterons jamais assez : dans la perspective de la subsidiarité des entités territoriales, nous privilégions les aspects locaux de la politique municipale. L’essentiel des difficultés de mobilité routière que connaît notre ville se concentre sur les voies qui mènent à la gare, principalement entre 7h et 9h le matin, puis entre 16h et 18h le soir. Les solutions sont à envisager à l’aune d’une étude des freins à la fluidité des flux, comme la régulation des feux de signalisation notamment.
Des méthodes de pilotage innovantes associant capteurs, intelligence artificielle et autres technologies pertinentes constitueraient des solutions à considérer avantageusement.
Il pourrait également être judicieux d’imaginer de créer aux emplacements réservés pour le BIP des voies réservées aux vélos et aux bus pour repenser la desserte de notre gare et y réaliser un pôle multimodal.
Ce peut être une opportunité de repenser la mobilité à Soisy, question majeure de qualité de vie au quotidien, en cohérence avec les enjeux de décarbonation des transports.
Bouleversement Historique
Tout comme Audrey, présidente du collectif “Vivre sans le Bip”, nous avons appris dans Le Parisien du 27 septembre 2024 que le conseil départemental renonce au projet de double voie.
À la suite de cette annonce, nous nous sommes entretenus avec la présidente du collectif afin de comprendre les raisons de l’abandon du projet. La forte mobilisation des citoyens et des associations a conduit à l’une des plus grandes victoires environnementales du département. Cependant, elle reste vigilante face aux projets annexes qui pourraient être lancés à Soisy et Garges.
En effet, le maire de Soisy envisagerait de construire une voie double couverte contournant la commune. Nous restons donc attentifs aux propositions à venir, en espérant qu’elles permettront aux Soiséens de participer aux débats, ce que nous ferons bien entendu dès 2026.